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Mathilde Janoueix

1899-1986

La bravoure en exemple

Née Boussignac, dans la commune de Chaveroche, au village les Queyriaux, Mathilde est fille de paysans. Élève sérieuse, Mathilde est choisie pour devenir institutrice. En 1912, elle rejoint le pensionnat à Tulle où on lui apprend entre autres "les bonnes manières" (tenue à table, danses de salon…), dignes du rang de notable que tient l’institutrice à cette époque dans les villages...

 

Mais arrive la Première Guerre qui affecte durement la famille. Son père, Paul, meurt pour la France en 1916. Le destin de la famille en est bouleversé mais Mathilde pourra néanmoins poursuivre ses études jusqu’au brevet élémentaire qui lui donne accès au métier d’institutrice. Mathilde enseigne d’abord à Chavanac puis, à partir de 1926, à Chaveroche où elle se marie avec Pierre Janoueix, né en 1892 au Montclozoux (Combressol). Son mari, gravement blessé pendant la bataille de la Somme, est marchand de vin. En 1935 naît leur fils unique.

 

Pendant la seconde guerre mondiale, sans entrer dans un mouvement de Résistance organisé, la famille fait preuve de solidarité. Elle cache chez elle deux jeunes Bruxellois – ils font partie de la clientèle de Pierre Janoueix - alors qu’ils cherchent à fuir le Service du Travail Obligatoire. De même, la vaste maison de famille à Ussel sert de cache d’armes pour les maquisards.

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L’Allemagne nazie envahit la zone libre. La Résistance s’organise et s’intensifie en Corrèze. En décembre 1943, des maquisards blessent un officier allemand qui marche en tête de sa section. En représailles, les soldats allemands entrent dans Chaveroche. Ils fusillent sur la place du village cinq habitants pris au hasard et en abattent un sixième qui fuit sa grange incendiée. Après avoir mis les enfants de sa classe en sécurité, puis négocié leur sortie de l'école, Mathilde s'oppose aux Allemands qui veulent parader devant les martyrs. Elle tire seule les corps dans l'église malgré les menaces de mort proférées par les soldats. Ils lui laisseront la vie sauve : par respect pour sa fonction d’institutrice ? ou convaincus par la force de caractère d’une femme surnommée « la Régente » ?

 

Après la guerre, Mathilde prend un poste d’institutrice à Brive où elle terminera sa carrière. Elle entretiendra des liens réguliers avec les deux jeunes Bruxellois qu’elle a hébergés. Elle ne gardera pas de rancune envers le peuple allemand et encouragera même ses petits-enfants à voyager en Allemagne.

 

Lors d'une commémoration à Chaveroche, le maire a demandé à Dominique Decad-Janoueix, la petite-fille de Mathilde, de faire le récit des évènements, tels qu'ils lui ont été rapportés par sa grand-mère, il y a environ quarante ans. Elle souhaitait que le souvenir soit gardé, sans haine pour les Allemands d'aujourd'hui.

 

Mathilde est décédée le 18 mars 1986.

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