Marguerite
Monino Orliange
1904-1997
Un combat pour la justice
et la reconnaissance
La vie de Marguerite Orliange - née en 1905, à Paris, de parents corréziens, Antoine et Jeanne, qui sont nés, l’un, à Tarnac, et l’autre, à Bugeat - a été marquée par des choix de vie peu ordinaires. Ces choix ont été fortement influencés par un double héritage reçu de son milieu familial.
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Marguerite, ses deux sœurs, Yvonne et Marie et ses deux frères, Raymond et Georges, vont vivre aux côtés de parents ayant un bon niveau d’éducation scolaire. Leur père a fréquenté l’école publique jusqu’à 16 ans. Leur mère, Jeanne, a été éduquée dans une pension jusqu’à l’âge de 18 ans. Les enfants Orliange vont côtoyer un père qui exerce le métier de maçon puis de marchand de vins et qui est un militant socialiste, membre de la SFIO, jusqu’à son décès en 1934. Dans le canton de Bugeat, il a existé, dès 1904 une section socialiste, dépendant du parti socialiste français, dirigé par Jules Guesde dont le père de Marguerite était un proche.
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Forte de cet héritage familial, Marguerite, tout comme l’un de ses frères et ses deux sœurs, sera une active militante au sein des organisations du PCF et de la CGT. Cet engagement n’empêchera pas Marguerite de se montrer critique à l’égard du parti communiste, comme, par exemple, lorsque a été conclu, en 1939, le pacte germano-soviétique.
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Dans cette ambiance familiale, Marguerite va aussi développer, dans la région parisienne, où la famille s’installe, peu après 1900, son goût pour les arts et pour la littérature. Elle est lycéenne à Fontainebleau, puis étudiante à l’Ecole des arts décoratifs. Elle entre en 1930 chez Gallimard, où elle côtoiera des intellectuels comme André Gide. Cette période de sa vie est une première étape parisienne, où elle découvre la presse, l’édition, le livre.
En 1934, Marguerite rencontre Juan Monino, l’homme de sa vie avec lequel elle aura deux fils, José, né en 1938, et Yves, né en 1946. Marguerite et Juan s’engagent en Espagne dans la lutte contre les armées franquistes. Elle est active auprès des brigadistes français de la 14ème Brigade Internationale. Son action se développe dans un domaine qu’elle connait bien : la lecture. Elle se déplace avec une sorte de bibliobus, jusque sur le front des combats, comme à Madrid, en 1937, où elle reçoit un éclat d’obus. Elle procure ainsi aux combattants républicains des ouvrages littéraires et politiques.
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Après la défaite des armées républicaines, Marguerite vit une deuxième étape parisienne, celle de la Résistance contre les occupants allemands. Elle a une activité clandestine d’agent de liaison auprès de Joseph Epstein, réfugié polonais juif, volontaire républicain en Espagne, responsable des FTP à Paris, qui sera fusillé au Mont Valérien en avril 1944.
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Après la Libération, Marguerite vit, jusqu’à son décès, à Gentilly, à l'âge de 98 ans, une troisième étape parisienne. Elle continue à défendre ses idées dans le domaine de la diffusion du livre. Elle est ainsi responsable de la librairie du PCF, la librairie Racine, au cœur du Quartier latin, où elle aime faire des rencontres et participer à des débats d’idées.
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Éduquer, militer, débattre, voilà donc quels ont été les combats de Marguerite Orliange, épouse Monino, tout au long de sa vie peu ordinaire.