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Souvenirs du lavoir communal

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Viam

C’est ce petit bâtiment, en haut du bourg du Viam, qui jusqu’en 1986 abritait le lavoir communal. Michèle et Nicole racontent, à deux voix, ce qu’était ce lavoir.

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Bien-sûr, essentiellement, on y lavait le linge : le linge blanc (qui passait aussi par la lessiveuse), les draps de chanvre épais et lourds ; le linge savonné qu’on exposait au soleil tout l’après-midi pour que le soleil le nettoie ; puis qu’on étendait sur des fils à linge dans les jardins, en toutes saisons.

 

Mais aussi on y jouait : tous les enfants étaient déjà tombés dans le lavoir, à trop tester leur équilibre en marchant sur muret extérieur et sur le rebord entre le bac de lavage et le bac de rinçage.

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Et encore : on allait y chercher de l’eau. L’été on allait remplir une carafe au lavoir car l’eau qui l’alimentait était plus fraîche que celle du robinet. Et certains hiver, quand l’eau était gelée dans les canalisations des maisons, on allait chercher, avec un seau, l’eau au lavoir, qui, du fait de son débit continu, n’avait pas gelé. En février 1956, surtout, où les températures sont descendues jusqu’à -25 pendant tout un mois. Heureusement qu’il y avait le lavoir !

 

De ce lavoir on se souvient aussi des bruits qui l’habitaient.

La nuit, quand tout le reste était silencieux, on entendait le bruit de l’eau couler, un bruit familier qui était rassurant.

Quand quelqu’un y entrait, ou quand il y avait un coup de vent, on entendait la porte du lavoir, une porte en fer qui couinait d’une manière bien particulière.

Il y avait aussi les conversations des femmes qui lavaient : à propos des enfants, du travail, des malades, des décès, ce qui se passait dans le village…

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Contrairement à un préjugé qui semble bien ancré, selon lequel le lavoir serait un lieu propice aux médisances, Michèle et Nicole n’y ont jamais entendu dire du mal de quelqu’un. Elles se souviennent plutôt de la solidarité qu’il y avait pendant ce dur travail de la lessive – dont on a peut-être du mal aujourd’hui à réaliser à quel point c’était un travail harassant.

 

Les lavoirs individuels, à l’intérieur des maisons, puis les lave-linges, sont arrivés progressivement à Viam et ont allégé la corvée de la lessive. Mais certaines femmes ont continué à aller au lavoir, pour le plaisir du lieu, et à le nettoyer de temps en temps pour ne pas que les mousses l’envahissent, jusqu’en 1986.

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En 1986, quand le conseil municipal de Viam a voté, avec une majorité d’hommes, la démolition des bacs du lavoir et la transformation du bâtiment en mairie, les femmes n’ont pas été consultées. Certaines, qui avaient un fort attachement à ce lieu, en ont été bouleversées.

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le bâtiment actuel, à l'emplacement du lavoir

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