Yvonne Fournial
1904-1997
Un combat pour la justice
et la reconnaissance
Yvonne est née le 19 juillet 1904 à Gourdon-Murat. Son grand-père et son père sont sabotiers. Yvonne se souvenait qu'une de leurs activités était de fabriquer des galoches pour les gens qui mettaient leurs habits de fête, les jours de foire aux bestiaux. Sa grand-mère, quant à elle, tient un commerce qui fait épicerie, mercerie, tabac, vente de boissons.
L'arrivée d'Yvonne n'est pas une joie pour sa mère qui aspire alors à une vie loin de la campagne et du labeur harassant des petits possédants qui, par manque d'argent, arrivent difficilement à se nourrir tout en travaillant comme des forcenés de douze à quinze heures par jour. A l'âge de trois mois, Yvonne contracte une très grave infection aux yeux, mal soignée. On ne pourra sauver que son œil gauche. De son œil droit, on ne voit plus que le blanc. Elle dira : "Cette infirmité ne pouvait pas m'embellir, bien au contraire. A cause de cela, ma mère n'a jamais pu m'aimer. Elle me trouvait laide, pas intelligente, pas dégourdie et fainéante."
Yvonne vit donc une enfance chaotique. Sa mère se place comme nourrice à chaque naissance et part nourrir de son lait les enfants dans les famille bourgeoises de Lyon. Yvonne est bergère, elle fréquente l'école libre de Gourdon avec Mme Barot comme institutrice et obtient son certificat d'études.
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En 1920, Yvonne monte à Paris où elle travaille comme bonne à tout faire. En 1928, elle épouse Joseph Fournial, ouvrier du bois, militant syndical CGT et PCF. Dès août 1940, Yvonne s'engage dans la Résistance où elle est chargée des liaisons, faisant "la boîte aux lettres" pour le PCF. Elle sera homologuée RIF (Résistance intérieure française), au grade de sergent, au titre du Front national de lutte pour la libération et l'indépendance de la France. Le 16 janvier 1943, elle est arrêtée par les brigades spéciales de la police de Pétain. Elle passe six mois incarcérée à la prison de la Petite Roquette, à Paris. Elle est transférée à Fresnes puis en octobre 1943 à la maison centrale de Rennes. Là, elle participe à la mutinerie contre les autorités pénitentiaires et les gendarmes venus à la rescousse. Le 17 avril 1944, elle transite par le camp de Romainville avant d'être déportée au camp de Ravensbrück. Elle est libérée le 25 avril. Prise en charge par la Croix-Rouge suédoise, elle reste en convalescence à Göteborg pendant trois mois avant de rentrer en France.
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A son retour, Yvonne consacre son temps et emploie toutes ses forces au sein de la Fédération Nationale des Déportés, Internés, Résistants et Patriotes, à la reconnaissance des droits des survivants et des familles de disparus, jusqu'à sa retraite à Gourdon en 1969. Elle est décédée le 16 avril 1997.