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Le lavoir
des 

Cheneaux

à partir du récit de Mme Jouillat

Bugeat

rue du pré vacher

Le lavoir des Chenaux est alimenté par une source qui ne s’arrête jamais, qui est intarissable, personne ne l’a jamais vu tarie. La mère de Mme Jouillat, née en 1925, y allait laver le linge de la famille tous les lundis. On disait « on va au Ch’neaux », « faire la bujade ». La bujade c’était le lundi, c’était une habitude : pour les ouvriers, on commençait la semaine avec des habits propres et donc c’était le moment de laver le linge de la semaine passée. Les maris parfois amenaient le linge dans la brouette.

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Il y avait la queue pour laver, les lundis. On pouvait s’asseoir sur les marches pour attendre, en papotant. Il y avait des places pour laver debout (plus confortable), ou agenouillé. Il y a un côté lavoir et un côté rinçoir. La séparation entre les deux, les enfants marchaient dessus, pour jouer, ou pour avoir une bonne occasion de tomber dans l’eau.

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Pour les linges de couleur, on utilisait le battoir.

Pour les bleus de travail, et ça c’était dur à laver, on utilisait la brosse à laver.

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Pour le blanc, après le lavage, on le ramenait chez soi pour le faire bouillir et le lendemain, on retournait le rincer. Les maris revenaient parfois aider à remonter les brouettes.

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La commune avait installé au-dessus du lavoir des fils à linge pour écarter le linge, le faire sécher. Certaines femmes aussi, pour faire blanchir le linge, l’étalaient sur l’herbe. Les femmes espagnoles, notamment, avaient cette pratique. Il y avait, dans les années 60, au moins six famille d’espagnols qui habitaient « au moulin » (la maison avant le pont du chemin de fer). Les hommes espagnols étaient venus pour travailler dans le bois. Les femmes espagnoles rencontraient d’autres femmes de Bugeat au lavoir des Cheneaux, elles s’étaient rapidement mises à parler français.

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À la fin du lundi, l’eau était toute savonneuse. Les employés communaux, une fois par semaine, vidaient le lavoir pour le nettoyer au balai : quand on arrivait le lundi suivant, c’était très propre.

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L’eau du lavoir était très bonne à boire. Alain Mimoun, champion Olympique du marathon de l’été 1956 à Melbourne (Australie), quand il était à Bugeat, venait tous les jours au lavoir remplir sa cruche. Il aimait le lavoir des Cheneaux, et dans les années 1980, il était même allé râler auprès de la commune parce que le lavoir n’était plus nettoyé régulièrement.

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Mme Jouillat qui a son jardin au dessus du lavoir l’utilise encore pour laver ses légumes, en passant quand elle revient du jardin. C’est un plaisir de s’y arrêter et de se remémorer des scènes de son enfance.

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En mai 2023, une équipe bénévole de bugeacois et bugeacoises se sont donné rendez-vous pour nettoyer le lavoir. Les photos de ce « nettoyage de printemps » posté sur le Facebook « Commune de Bugeat en Corrèze ».

Cette publication     a suscité des dizaines de commentaires qui se réjouissaient de cette initiative et partageaient à leur tour des bribes de souvenirs d’enfance, évoquant leurs mères ou grand-mères qui faisaient la bugeade, leurs jeux autour et dans les bacs.

Ainsi, même si aujourd’hui on n’y entend que le bruit de l’eau, de toute évidence ce lavoir est encore vif et animé dans les mémoires.

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